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Fondation 11 mars 2018

Bestiaire pacifique.

Le catamaran Race For Water qui poursuit sa descente le long des côtes péruviennes, vers Lima, est régulièrement accompagné par des cétacés ou autres oiseaux marins pour le plus grand plaisir de notre équipage qui ne s’en lasse jamais !

Récits :

ERIC LOIZEAU

Le courant froid de Humbolt n’est pas une légende! Il nait à l’ouest du Cap Horn, se nourrit des glaces de l’Antarctique et remonte le long des côtes sud-américaines, soi-disant jusqu’à L’Equateur. Nous en doutions encore hier mais certainement pas aujourd’hui. Cette nuit pendant mon quart je me suis surpris à aller chercher dans ma cabine la doudoune de montagne que j’avais heureusement emportée avec moi pour prendre l’avion dans la froidure de Paris…. Le vent soufflait du sud en fait directement de la banquise de ce côté de l’hémisphère.

Au matin, l’océan avait pris une froide couleur verdâtre contrastant avec le bleu éclatant des mers alizéennes. Nous en étions à prendre le café en passerelle quand une baleine franche vint faire le dos rond devant nos étraves incitant Annabelle à couper nos moteurs par une instinctive prudence. Sait-on jamais avec les cétacés joueurs qui s’amusent parfois à jouer des remakes de Moby Dick. Ce fut le prélude d’une incroyable journée de zoologie marine. Cette veine de courant froid que nous remontions à petits pas était le refuge de bancs innombrables de poissons invisibles mais pourchassés par des meutes de dauphins, marsouins, phoques enfin.

Des hordes de pélicans venaient de l’horizon en escadrilles serrées rasant les flots et attaquaient en piqués vertigineux les bancs de menu fretin qui s’égaillaient en tout sens pour tomber sous les becs acérés des noirs cormorans et agiles frégates. Passaient même lointains et semblant imperturbables des troupes de sombres globicéphales aux nageoires pointues en route vers des rendez-vous improbables. Pendant ce temps et contrastant avec l’activité industrielle d’hier, la côte péruvienne déroulait à l’est de longues plages désertes de sable très blanc au pied de falaises arides.
Des bancs de brume montaient ainsi de la mer et brouillaient l’atmosphère. Nous étions ravis de ce spectacle incroyable guettant du haut de notre pont supérieur les acrobaties et facéties de cette faune marine que la progression furtive de notre vaisseau solaire ne paraissait pas déranger mais au contraire intriguer.

Et le soir sous les étoiles revenues, heureux,  je songeais à la chance inestimable qui nous est donnée à nous autres marins de vivre de tels moments  de paix et de beauté silencieuse, loin, si loin des angoisses du monde moderne des terriens.

ANNE LE CHANTOUX

« Pendant mon quart, j’ai eu le droit à un spectacle magnifique. Je regarde au loin et je vois des éclaboussures de partout. J’ai d’abord cru à des souffles de baleines mais il y en avait trop et trop fréquemment. Ensuite, j’ai vu des « choses » sauter hors de l’eau, j’ai pensé à des espadons.  En fait, j’ai eu le droit à la visite d’un banc de dauphins en transit. Minimum une centaine voir plus. Ils ne s’arrêtent pas pour jouer avec le bateau, ils continuent leurs routes. On les voit sauter (certains très haut) et retomber de tout leur poids en faisant de gros plats !
Pendant presque une heure et demie, ils sont à 200m du bateau et vont dans la même direction que nous.
Mais ce n’est pas tout, j’ai aussi aperçu au loin des souffles : 3 ou 4, qui atteignent une certaine hauteur. Il s’agit de baleines.
Elles sont un peu loin malgré tout on les voit bien à la jumelle !

L’apothéose … lorsque j’ai eu au premier plan des dauphins, au deuxième des baleines et, attention tenez-vous bien, au troisième plan, des plateformes pétrolières, comme des champignons ! Derrière ce tableau se dessine la côte péruvienne.
C’est magique. »

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